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vendredi 8 juin 2018

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Dis, puisqu’égrenant les veines de la nuit,
Il te faut maintenant retourner sur les lieux     
Du terrible séisme qui ébranla l’été,  

Cette injure au soleil,
Cet accroc dans les blés,
Ce diamant en plein front,
Cet accident du vent que tu n’as jamais eu
Mais dont tu restes au fond le passager blessé,                                        

Pourquoi toujours en toi cette voix détournée
Pour hurler au grand jour le pare-brise étoilé, 
Pourquoi cette eau de feu dont le sang se consume ?

Tant de chemins d’errance,
De déserts sans boussoles, de frondaisons perdues, 
De grèves constellées aux silences de ses pas
Jusqu’à la maladie qui t’embarque avec elle.

Alors tu ne fais qu’un avec cette clarté,
Cette franche césure,
Cette absence sur la mer.

Tu restes vulnérable au long bruit des couteaux
Qui fouaillent ta nuit,
Mais tu n’as  plus à craindre 
L’eau dormante qui t’enserre :

L’instant a des clartés
D’eau pure et de rivière,
Des ciels et des matins que tu ne comprends pas.

Si le visage s’efface
C’est qu’il hante ton chant,
Que sa blessure exacte enfante tes sillons.

La mort ne tarit pas
Au puits des mains ardentes
Qui consolent tes larmes,
Engendrent tes bourgeons.

Le printemps n’attend pas,
Couvant dans les rosiers
Sa chevelure d’or.

Il est printemps pour tous au pays du réel !
Présence lumineuse
Dans les trouées du jour !



Jean Lavoué, Hôpital du Scorff, 31 mai 2018, Visitation
Photo Saint Malo, Plage du Sillon, Pixabay



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