Passage du poème
Ouvrir la page, terre en friche,
Laisser courir le feu dans l’herbe,
Affoler au loin les troupeaux,
Ne rien savoir de sa folie,
Rester dans l’instant destiné,
N’y voir que lumières tendres
Confession simple et sans aveux.
Lever quelque gibier sauvage,
Taiseux se couvrir aux lisières,
Laisser passer le premier vol
Comme de grands gestes de silence
Faisant un tout du ciel épars,
Et là lester d’un rien le jour
En s’allégeant de trop de mots.
Veiller la sève comme un oracle,
Debout s’accorder à la nuit,
Paupières closes aux mains levées,
Glaner le chant dans les tourbières :
Fumées de gel aux doigts glacés,
Baiser inquiétant des marais,
Le poème au noir élevé
Comme un poing tendu de mystère,
Une cuvée débordante
Dont la fête sera rassasiée.
L’orage nu aux pieds gercés
D’un éclair soudain nous déchausse
Et nous allons vulnérables,
Envisagés d’un sel ardent,
Vers ces mots qui nous purifient,
Nos armes rendues, nos remparts
Lézardés par le vent, nos portes
Arrachées par un déluge
D’étoiles, d’astres incompris.
Et nous voici apprivoisés
D’inconnu, grandis, délivrés,
Empêchés de savoir lequel,
Du fou, du passant immobile
Ou de l’étranger, nous conduit.
Jean Lavoué, 4
février 2019
Photo Pixabay
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