Au cœur des symboles de Pâques, un enjeu vital souligné par François
Vercelletto, Ouest-France du 22 avril 2019
… Tout commence par un tombeau vide. Comme l’expression d’un manque.
Selon la tradition chrétienne, des « saintes femmes » sont les
premières à le constater. Leur identité n’est pas clairement connue. Les
Évangiles divergent entre eux. Seule Marie-Madeleine, appelée aussi Marie de
Magdala, figure dans les quatre récits.
Tous les textes s’accordent sur un autre point : les femmes sont
les premiers témoins de la résurrection. Ce n’est pas rien. Alors qu’elles sont
considérées comme peu fiables dans les sociétés juive et romaine de l’époque,
Jésus a choisi des femmes pour leur révéler l’essentiel.
L’Église a-t-elle pris la mesure de ce choix bouleversant ? Une
certaine misogynie des institutions ecclésiales permet d’en douter. La
tradition a progressivement minoré le rôle des femmes, pourtant immense, auprès
de Jésus.
Elle a privilégié la figure de Marie, mère et vierge, tout en
estompant celle de Marie-Madeleine. Le Vatican a attendu… juin 2016 pour fêter
officiellement celle qui était qualifiée d’ « apôtre des
apôtres ». Et le récit de sa rencontre avec Jésus ressuscité n’est pas
même lu lors de la messe de Pâques…
L’institution catholique n’a pas voulu, comme le Christ, accorder aux
femmes toute la place qui devait être la leur. En 1994, Jean-Paul II leur a
notamment fermé définitivement la porte de l’ordination. Même prêcher leur est
interdit. « Moi, je souffre quand je vois que dans l’Église, le rôle de
service de la femme dérive vers un rôle de servitude », reconnaît le pape
François.
Cette attitude nourrit en grande partie la crise qui traverse l’Église
catholique. Il y a cinquante ans, Humanae vitae, l’encyclique du pape Paul VI,
opposé à la contraception artificielle, a creusé le fossé entre l’institution
et les femmes, alors que la transmission religieuse s’opère essentiellement pas
les mères.
Sans compter que c’est grâce à leur engagement, le plus souvent
bénévole, que nombre de services d’église fonctionne. La série de scandales
sexuels actuels souligne douloureusement les conséquences de leur absence dans
la hiérarchie.
L’Église se prive des précieuses ressources de ses fidèles les plus
nombreuses. Elles furent les premiers témoins de Pâques : il est grand
temps de favoriser une plus grande intégration des femmes à tous les niveaux
des communautés chrétiennes. Il y a urgence.
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