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mercredi 24 juillet 2019

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Quand l’indécence prend le pouvoir
 
Étrange coïncidence. Le week-end dernier, j’ai été captivé par un livre lumineusement chrétien. Celui du philosophe et poète Jean Lavoué, livre dont le titre à lui seul est un bonheur : « La vie comme une caresse » (Médiaspaul, 2016). Je sentais mon âme apaisée, et la petite fille espérance dont parle Péguy plus réveillée que jamais. Et tout cela, prenait en compte la lucidité de l’auteur sur les périls nouveaux qu’affronte notre planète. Ces périls que les technocrates et les politiciens appellent « transition énergétique ». « N’est-ce pas notre planète tout entière, écrit-il, miracle surgi de la nuit du chaos, qui semble vouée à y retourner à plus ou moins long terme. »

Face à cela, nous gardons en tête cette phrase de la bible qu’Etty Hillesum, emporté vers Auschwitz et vers la mort, recopia sur une carte qu’elle glissa entre les planches du wagon à bestiau, et qui sera retrouvée. « Le Seigneur est ma chambre haute ». Jean Lavoué ajoute fort à propos : « Etty est le miracle donné au monde. Miracle de tendresse, de poésie et d’abandon ». Pour sauver le monde, nous comptons sur ce que le regretté Maurice Bellet appelait la « haute tendresse ».

Hélas ! Je parlais plus haut de « coïncidence ». À un moment de la journée, je fus ramené à la pulsation redoutable de l’actualité. Or, par les temps qui courent, elle est surtout habitée par le mensonge, la haine et le choix de la domination. À l’opposé de notre foi, et du message évangélique. En quelques heures, j’eus droit à un panel de la laideur politicienne. Il y eu d’abord les injures proférées par Benjamin Grivaux, candidat à la mairie de Paris, désigné par Emmanuel Macron, après un simulacre de délibération.

  Était-ce l’ivresse d’avoir été « choisi » ou la vanité du personnage que ses propres amis disent « imbu de lui-même » ? Notre confrère « Le Point » rapporta des propos tenus dans un cadre privé, avant son « triomphe » organisé. Griveau qualifiait d’« abrutis » ses rivaux. Hugues Renson serait « un fils de p…, on le sait depuis le premier jour » quant à Cédric Villani ? « Il n’a pas les épaules pour encaisser une campagne de cette nature. Il va se faire désosser ! »

Réalisant ensuite l’incongruité de ses propos, il aurait téléphoné aux intéressés pour s’excuser. Il n’empêche ! Désirons-nous un maire de Paris aussi mufle ? Candidat avec l’aval du président ?

À l’écoute des radios, on apprenait ensuite que notre ministre de l’Intérieur Christophe Castaner (encore lui !) avait pris une mesure dont l’intelligence politique et morale ne saute pas aux yeux. Celle d’attribuer à neuf mille cent soixante-deux membres des forces de l’ordre la « médaille de la sécurité intérieure », y compris à ceux qui font l’objet d’une enquête de l’IGPN pour de supposées violences policières. Aux médias, on répondit que si certains étaient condamnés, alors on leur retirerait la décoration. Piteux !

Évoquons enfin la façon dont le même ministre de l’intérieur répondit à la maire de Nantes, Johanna Rolland, qui s’inquiétait du sort de Steve Maia Canico, vraisemblablement tombé dans la Loire voici un mois, après une charge des forces de l’ordre. « Si la maire souhaite des explications, répondit Castaner, via France Info, elle doit s’adresser au parquet ».
Quel égarement !

Pour l’intelligence, il nous reste les poètes. Merci, Jean Lavoué.



Bloc-notes / Jean-Claude Guillebaud/La Vie – 25 juillet 2019


Quand l'indécence prend le pouvoir


















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