Quand l’indécence prend le pouvoir
Étrange coïncidence. Le week-end dernier, j’ai
été captivé par un livre lumineusement chrétien. Celui du philosophe et poète
Jean Lavoué, livre dont le titre à lui seul est un bonheur : « La vie
comme une caresse » (Médiaspaul, 2016). Je sentais mon âme apaisée, et la
petite fille espérance dont parle Péguy plus réveillée que jamais. Et tout cela,
prenait en compte la lucidité de l’auteur sur les périls nouveaux qu’affronte
notre planète. Ces périls que les technocrates et les politiciens appellent
« transition énergétique ». « N’est-ce pas notre planète tout
entière, écrit-il, miracle surgi de la nuit du chaos, qui semble vouée à y
retourner à plus ou moins long terme. »
Face à cela, nous gardons en tête cette phrase
de la bible qu’Etty Hillesum, emporté vers Auschwitz et vers la mort, recopia
sur une carte qu’elle glissa entre les planches du wagon à bestiau, et qui sera
retrouvée. « Le Seigneur est ma chambre haute ». Jean Lavoué ajoute
fort à propos : « Etty est le miracle donné au monde. Miracle de
tendresse, de poésie et d’abandon ». Pour sauver le monde, nous comptons
sur ce que le regretté Maurice Bellet appelait la « haute
tendresse ».
Hélas ! Je parlais plus haut de « coïncidence ».
À un moment de la journée, je fus ramené à la pulsation redoutable de
l’actualité. Or, par les temps qui courent, elle est surtout habitée par le
mensonge, la haine et le choix de la domination. À l’opposé de notre foi, et du
message évangélique. En quelques heures, j’eus droit à un panel de la laideur
politicienne. Il y eu d’abord les injures proférées par Benjamin Grivaux,
candidat à la mairie de Paris, désigné par Emmanuel Macron, après un simulacre de
délibération.
Était-ce l’ivresse d’avoir été
« choisi » ou la vanité du personnage que ses propres amis disent
« imbu de lui-même » ? Notre confrère « Le Point »
rapporta des propos tenus dans un cadre privé, avant son
« triomphe » organisé. Griveau qualifiait d’« abrutis »
ses rivaux. Hugues Renson serait « un fils de p…, on le sait depuis le
premier jour » quant à Cédric Villani ? « Il n’a pas les
épaules pour encaisser une campagne de cette nature. Il va se faire
désosser ! »
Réalisant ensuite
l’incongruité de ses propos, il aurait téléphoné aux intéressés pour s’excuser.
Il n’empêche ! Désirons-nous un maire de Paris aussi mufle ? Candidat avec
l’aval du président ?
À l’écoute des
radios, on apprenait ensuite que notre ministre de l’Intérieur Christophe
Castaner (encore lui !) avait pris une mesure dont l’intelligence
politique et morale ne saute pas aux yeux. Celle d’attribuer à neuf mille cent
soixante-deux membres des forces de l’ordre la « médaille de la sécurité
intérieure », y compris à ceux qui font l’objet d’une enquête de l’IGPN pour
de supposées violences policières. Aux médias, on répondit que si certains étaient
condamnés, alors on leur retirerait la décoration. Piteux !
Évoquons enfin la
façon dont le même ministre de l’intérieur répondit à la maire de Nantes, Johanna
Rolland, qui s’inquiétait du sort de
Steve Maia Canico, vraisemblablement tombé dans la Loire voici un mois, après
une charge des forces de l’ordre. « Si la maire souhaite des
explications, répondit Castaner, via France Info, elle doit s’adresser au
parquet ».
Quel égarement !
Pour l’intelligence, il nous reste les
poètes. Merci, Jean Lavoué.
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