RETROUVER LA CLAIRIÈRE
Bonheur de la clairière après l'averse !
Ces troncs couchés se font hospitaliers,
Sièges pour l'écriture.
Faisant vibrer l'air,
Le bourdonnement des insectes
Le pépiement des oiseaux.
Tout autour ces arbres sacrifiés Pour permettre aux souches survivantes
De pousser demain plus haut leurs branches vers le ciel.
Nos nuits sont elles aussi tapissées de tant de feuillages
Par où s'engouffre la lumière.
Seule la parole neuve pour garder intacte
La verticalité des troncs
Et la forêt revêt son sacre.
Déjà les jeunes hêtres se tiennent au pied des futaies
Pour prendre un jour la relève ;
Le vent pactise avec l'instant,
Son chant gratuit.
Nul accès pour nous arracher à l'écho du silence ;
Juste s'y glisser
En croyant qu'un avenir s'ouvre peut-être
Par les sentiers de l'aube.
C'est aussi par l'éclaircie que s'éprouve la voie,
Son tracé qui nous sauve.
Gagnés par l'inconnu,
Nous laissons-là nos certitudes bannies,
Nos peurs familières.
Nous sommes prêts au combat contre nous-mêmes,
À mettre nos pas dans des traces oubliées,
Recouvertes de tant de ronces,
De doctes vérités,
De feuilles mortes,
De croyances passagères.
Sans assurance,
Il nous reste encore à nous perdre,
À nous frayer un chemin par des passes ignorées,
Des brèches clandestines,
Et, pour nous retrouver,
À nous fier aux mousses,
À marcher sans boussole
Et à tenter de vivre.
Jean Lavoué, La Chesnaie, 13 juin 2020
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