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vendredi 22 septembre 2023

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Merci à mon ami Pierre Tanguy pour cette note de lecture consacrée à mon recueil Écrits de l’arbre dans le soleil, publiée dans Bretagne actuelle.


JL


La poésie du Breton Jean Lavoué est volontiers placée sous le signe de l’arbre. Auteur et éditeur (installé à Hennebont) ne publie-t-il pas d’ailleurs des livres à l’enseigne de L’enfance des arbres ?  Son nouveau recueil place une nouvelle fois l’arbre au cœur de sa démarche poétique. « Sous l’écorce des arbres/J’entends triompher la sève », écrit-il.


Dans les poèmes de Jean Lavoué, l’arbre est à la fois le signe tangible de nos fragilités (« Chaque arbre qui brûle/Est le témoin blessé/De nos communes fragilités »), le garant de notre enracinement, le symbole de nos surgissements salvateurs. L’arbre, au fond, dit ce que nous sommes ou ce que nous sommes appelés à devenir : des êtres ardents comme l’est l’arbre à la montée de la sève, des êtres capables de renaître sans cesse à l’image des bourgeons qui éclosent. Sève et bourgeons sont les mots qui reviennent d’ailleurs, le plus souvent, sous la plume du poète.

L’arbre, ici, est un symbole. Il n’y a guère, dans ce recueil, d’arbres particuliers si l’on excepte le châtaignier ou le peuplier.  « Quand ton âme sera aussi pauvre/Qu’un peuplier se balançant dans la lumière/Alors tu n’auras plus rien à faire/Qu’à être là/Poreux aux murmures du silence ». L’arbre est une leçon de vie. « L’enfance des arbre,/Ce n’est pas seulement se réjouir qu’un arbre soit jeune,/Encore en devenir et plein de promesse,/Mais c’est envisager que chacun d’entre nous/Nous devenions arbres,/Des pousses pleines d’ardeur et de vie/Dans la forêt humaine… ». Voilà qui éclaire, au passage, le sens du nom que le poète a attribué à sa maison d’édition. « Devenir un arbre/Enraciné dans sa nuit// Familier/De l’instant,//Ouvrantl’espace/De la clairière ».


Jean Lavoué ponctue son livre, conçu entre 2018 et 2023, de poèmes évoquant des moments douloureux liés à la disparition d’être chers : la mort d’un beau-père qui était « l’ami des arbres », celle du poète Christian Bobin en 2022 et devenu désormais un « jardinier céleste », celle du chanteur Philippe Forcioli qu’il associe à la grande fratrie des « amis poètes trop tôt en allés ». Parlant d’eux il a ces mots : « Vous êtes nos bâtons de marche/Nos vagabonds protecteurs/Nos étoiles annonciatrices de l’aube/Arbres tombés qui nous ouvrez passage ».


Douleur du poète breton mais une douleur aussitôt transfigurée par une « joie rebelle » qui nous fait penser à la Joie errante de Jean Sulivan (Folio, 1988) écrivant : « Il faut porter en soi un soleil ». Comme le fait l’arbre dans la poésie de Jean Lavoué.


Pierre TANGUY.


Ecrits de l’arbre dans le soleil, Jean Lavoué, illustrations de Isabelle Simon, L’Enfance des arbres, 130 pages, 15 euros.


https://www.bretagne-actuelle.com/jean-lavoue-ecrits-de-larbre-dans-le-soleil/livres/
















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