Trouve en toi la fissure
Le point d’incohérence
La ligne effondrée
La joie finira bien
Par glisser ses racines
Entre les pierres
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Blog Jean Lavoué "Saviez-vous que les arbres parlent? Ils le font pourtant! Ils se parlent entre eux et ils vous parleront si vous écoutez." Tatanga Mani, Pieds nus sur la terre sacrée... "Il faut reboiser l'âme humaine." Julos Beaucarne
Trouve en toi la fissure
Le point d’incohérence
La ligne effondrée
La joie finira bien
Par glisser ses racines
Entre les pierres
A ta fenêtre
Ce morceau de ciel
Cet arbre implorant
Suffisent à ta joie
L’univers est entier
Et l’oiseau
Près de toi
Partir
S’en aller
Communier au feu sous l’écorce
Souverain dénudé
Pauvre de sa royauté blessée
Abandonné au moindre souffle
Portant la passion des jours
Capable de racines et de feuilles
Dans le même instant
Les cicatrices
Sont des fruits arrachés à la mort
Soleils qui nous font éprouver
La plénitude de vivre
Toutes les forêts du monde
Conduisent au désert
Il suffit simplement
De laisser le soleil s’approcher
Décidément la clairière
Un lieu où respirer
La page blanche où le poème s’efface
Comme un silence stellaire
L’espace entre deux notes
Qui se cherchent
Se déchirent
Un vide qui peut-être inaugure
Nul de plus désencombré que toi
Arbre mon frère
Elle n’aura rien à prendre
La voyageuse
Chaque automne dépouillé
De ta prophétie de feuilles
Neuf à chaque printemps
Tel la pousse d’un palmier
Jailli du long désert
Le poème peut être dur
Plus dur que l’écorce
Protégeant la sève
Ceux qui s’enferment
Dans un trop plein de rites
De concepts
De mots
De certitudes
Comment ne les plaindrais-tu pas
S’ils n’empêchaient tant d’autres
De respirer la parole
"Cette maison, dans les peupliers blancs,
Où j’habitais avec les braises,
Serait-elle demain la commune maison
Du règne et du royaume ?"
Jean-Claude Renard
La joie de se tenir debout
Vivant
Sans amertume
Passible de lumière
Et de ruissellement sous l’écorce
Rien ne croît en ce monde
Sans patience infinie
Sans fidélité ardente
Ainsi toute vie intérieure
N’est-elle que le fruit
De ces instants féconds
Que le corps n’a pas su oublier
La vie n’avait pas sa pareille
Pour soulever l’énigme
Le miracle minuscule
Entre les doigts du vent
Rien d’autre à transmettre
Que le mouvement incessant
De la vie qui t’emporte
"J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie"
Andrée Chédid
La prière est à la vie
Ce que le silence est au poème
Son espace
Son souffle
Sa terre sacrée
Vint un homme
Dont la vie coulait de source
Il n’était pas la source
Mais rien en lui
N’en ignorait le flux
Il révéla à tout homme
Le souffle
Et la lumière
Et jusque dans la nuit
Fit connaître son jour
Comment vivre
Au plus près de la source
Comment ne pas se perdre
Dans le ciel des idées
Comment laisser grandir en soi
Le souffle qui restaure
Comment laisser la sève
Circuler sous l’écorce
.
Depuis que tu as rejoint
La forêt des signes
Tu sais par tous les pores
Que la vie est sacrée
Tu ne le sais pas
Tu l’éprouves
Comme le souffle en toi
Un sacrement
Tu fais confiance
A la parole qui va naître
A la racine oubliée
Tu ne cherches plus au-delà
Ce qui t'appelle
Juste en avant de ton pas
Tu as cru longtemps
Que c’est par le ciel
Que l’arbre communiait
Tu sais désormais
Que c’est par la terre
Où le germe fut déposé
Sans la césure des mots
Leur saisie improbable
Comment clarifierais-tu les sources
Comment ne t’en remettrais-tu pas
Toi aussi à la seule force des racines
Le jour où l’écriture sera pour toi
Fête insoumise
Quitter
Est-ce possible
Si tu n’habites enfin pour de bon
Le lieu de tes racines
Seul l’arbre
Indique avec insistance
L’axe de ta méditation
Certains vont au Poème
Sans passer par la croix
Toi tu ne crois qu'à la lumière
Méditer comme l’arbre
Sans se laisser détourner